Je m'étais mis de côté pour l'écouter tranquillement le dimanche, l'émission de France culture : Répliques. Pour cette émission sur le transhumanisme et la technoscience, Alain Finkielkraut reçoit les philosophes Luc Ferry et Michel Onfray.
Avec une question sur la peur du demain. A travers deux tendances "lourdes" : le transhumanisme & l'ubérisation.
C'est ici : http://www.franceculture.fr/emissions/repliques/faut-il-avoir-peur-du-monde-qui-vient
Un débat à trois philosophes donc. Intéressant mais sans plus. Ou on voit que nos Philosophes patentés ne voient pas plus loin que les conférenciers que je croise...
J'avoue ne pas avoir appris grand chose.
C'est çà aussi l'Ubérisation du monde!
Onfray par exemple se gaussait du fait qu'avec Uber tout le monde peut devenir taxi... mais qu'on imaginait pas Ubériser les chirurgiens - certes- et pas non plus les philosophes :-) Quand je vois la manière dont il ne connait rien aux modèles. Qu'il confond Uber et Blablacar par exemple. Prenant ce dernier comme le mauvais exemple qui "pique" l'argent de l'impôt qui ne permettront pas de créer des routes et des écoles. On pourra je pense Ubériser les philosophes. Ou plutôt, Ubériser la philosophie standard avec des réponses standards. Comme ce que j'ai entendu ce matin. Une IA le fera bientôt j'en suis sur.
Pour revenir sur le fond, Blablacar crée de la valeur qui n'existait pas auparavant : le co voiturage. Là ou Uber remplace les taxis par une application et des auto entrepreneurs. Nuance. D'importance. Et on peut donc parler d'économie collaborative pour Blablacar et pas pour Uber. Nos philosophes se sont bien emmêlés les pinceaux.
Ce qui était frappant c'est que partant d'un constat juste : il faut de l'impôt pour faire société. Mais qu'il mélange deux formes qui n'ont rien à voir. N'ayant pas la connaissance de son sujet. Onfray finit par dire des grosses bêtises.
Ce qui n'est pas grave en soit. Qui n'en dit pas?
Sauf, qu'il est souvent sur le registre du très sérieux et du jugement de celui qui n'est pas précis.
Si j'ai un conseil à donner à Michel Onfray. C'est se documenter comme il sait si bien le faire sur le numérique, le digital et toutes les formes modernes liées à ces technologies, l'économie qui l'entoure pour porter un jugement et une analyse solide. Sur ce monde qui vient.
Et lui si Nietzschéen ne devrait il pas y voir du positif dans cette dynamique et cet appétit de puissance? Moi en tout cas je le sens.
Et il pourrait aussi voir les vrais forces à l'oeuvre. Pourquoi c'est de l'intérêt de Uber par exemple de faire croire qu'il est "comme" Blablacar... que ce regroupement sémantique est aussi une forme de domination. Et que donc il est de son devoir en tant que Philosophe de dêméler ces termes pour recomposer une parole de vérité et d'analyse.
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J'avoue avoir donc été déçu. Alors que j'apprécie en règle générale ses analyses.
Je lui dois de m'avoir ouvert la porte sur des dizaines de philosophes avec la contre Histoire de la Philosophie. Oui je lui dois beaucoup. Mais là sur le numérique et l'avenir. Il est passéiste. Conservateur et surtout il ne connait pas son sujet.
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A l'inverse de Luc Ferry. Pour qui en général, je n'aime pas ces prises de positions. Ses racines "chrétiennes" ... qui d'ailleurs ont resurgis sur le débat trans-humaniste sur la question de l'euthanasie pour laquelle il est contre.
J'ai trouvé Luc Ferry d'abord connaissant son sujet. Ensuite voyant du coup des éléments positifs dans cette évolution et ne ramenant pas tout aux risques et peurs actuelles. Mais aussi en posant ses limites. Il fait oeuvre utile.
Sans proposer des idées fortes pour autant. Mais on sent qu'il peut "penser" l'avenir.
Voir même qu'il est lui même fasciné par ce devenir humain. Vivre plus vieux (en bonne santé) n'est ce pas là aussi un rêve d'intellectuel qui sent qu'il a amassé tant alors que se rapproche la fin de sa vie?
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Bref, une émission à front renversé. Luc Ferry l'habituel conservateur centrisme qui se retrouve être le défenseur du progrès. C'est bien que les deux autres étaient clairement anti-progrès.
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Michel Onfray. Quand vous voulez pour qu'on parle sérieusement du numérique!