La presse n'est pas indépendante! Non pas sur sa ligne éditoriale... quoique le sujet peut aussi être posé. Non. Elle n'est pas indépendante car son trafic Web (et mobile) dépend des géants du Net.
Hier c'était Google qui avait pompé tout le trafic direct pour l'amener via son moteur et Google News. Les acteurs de la presse qui ont été heureux au début des années 2000 d'avoir un trafic sur un média numérique pour lequel ils ne savaient pas comment le monétiser... ont vites déchantés quand ils ont compris que Google siphonnait surtout leurs revenus publicitaires! On a vu la longue dégringolade de ces empires de la presse. Jusqu'au dénouement - en France notamment- on Google est venu faire l'aumône et donner quelques deniers aux gentils éditeurs de presse qui voulaient bien réaliser quelques projets numériques. Ce fond a ensuite été étendu à toute la planète. Mais les commentateurs ne manquaient pas de rappeler que Google gagnait des milliards et avait concédé quelques millions... cherchez l'erreur...
Et même si le patron du Spiegel Allemand avait dit que "google lui faisait peur". Rien n'y a fait. La presse a continué à être sous l'emprise du géant de Mountain View...
Mais dans l'histoire, quand on ne peut pas de défendre face à un dominant, il faut trouver un autre maitre. Plus puissant, ou tout du moins qui rêve de l'être.
C'est dans cette perspective qu'il faut comprendre l'arrivée de Facebook sur le terrain de la presse.
Facebook n'a qu'un but : devenir le numéro un sur le Net. Et Google lui barre encore la route. Pas tant sur la question du trafic ou de la part de voix mais sur la question des revenus. Facebook dit encore grandir et prendre la valeur ou elle est : chez Google.
Et pour ce faire Facebook vient de sortir sa nouveauté : Instant Articles qui permet de voir - notamment sur mobile- les articles des journaux y compris leurs déclinaison multimédia avec vidéos, photos de manière propre et très intégrée à l'expérience Facebook.
Voilà pour le bénéfice utilisateur.
Mais ce qui est le plus important, c'est que les éditeurs y trouvent leur compte : ils peuvent gérer la publicité eux même ou de le faire gérer par Facebook avec 30% de ponction.
Si on compare avec le financement quasi nul de Google sur son Google News... on comprend que pour les acteurs de la presse, c'est une manne intéressante. Ce qui explique le fait que déjà de nombreux grands groupes médias sont derrière Facebook.
C'est en tout cas un autre tournant pour les acteurs de la presse et un nouveau business model à la clé. La transformation digitale du secteur n'en est qu'à ses débuts.
C'est une lutte qui se finira par un dominant entre Facebook et Google qui s'engage. Facebook a pour lui la force de l'humain. Google celui des machines, des données et des algorithmes.
Ca nous reserve une belle épopée. Dommage qu'elle se déroule loin de l'Europe. A quand un trublion Européen qui vient se frayer un chemin au milieu de ces géants?