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Blog - Alain Garnier

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Notes & tribunes

Volkswagen : le logiciel peut aussi être du côté obscur de la force

Publié par Alain Garnier sur 28 Septembre 2015, 08:36am

Catégories : #scandale, #logiciel, #volkswagen

Des militants devant le siège de Volkswagen

Des militants devant le siège de Volkswagen

On a tous été sidérés par l’incroyable scandale qui secoue l’entreprise allemande Volkswagen et sa tricherie à la pollution.

De nombreux articles nous explique la situation http://www.futura-sciences.com/magazines/high-tech/infos/actu/d/voiture-tests-antipollution-volkswagen-triche-aide-algorithme-59847/ et les impacts financiers http://www.boursorama.com/actualites/tests-manipules-volkswagen-aurait-ete-averti-il-y-a-des-annees-36008ccc99727b37bbfb28b03d1c07c5

Sachant que ce n’est que le début… sans doute pour la firme.

Mais ce qui retient mon intention, ce n’est pas que la « triche » existe, mais bien que le logiciel soit à la base même de tricherie.

Les moyens habituels à la fraude dans le monde ancien font appel à la falsification, le mensonge, l’usurpation d’identité. Mais, c’est soit des personnes soit des documents qui sont à l’origine de la triche et permette au fraudeur de passer outre le contrôle. Typiquement la production de faux papiers : passeport, laissé passer, factures, diplômes… que sais encore.

Mais dans le cas de Volkswagen c’est un logiciel qui est à la base de la tricherie. Logiciel qui permet donc –pour rappel- de modifier « en live » les émissions de polluants en fonction de la situation de la voiture. Et donc, par exemple en situation de test de se transformer en modèle de non pollution.

Le logiciel dévore le monde

Le logiciel dévore le monde

Cela confirme bien le fait que le « logiciel dévore le monde ». On pense d’abord à un ogre positif qui produit à la place de. Mais c’est aussi le côté obscur de la force qui est mangée par le logiciel. Le cas Volswagen montre ce qu’il en est à grande échelle et au sein du monde industriel le plus établi, celui de la voiture.

Cette usage par un industriel « clean » du logiciel à des fins anormales nous fait sortir brusquement de l’innocence.

Car jusqu’à présent, les « méchants » dans le logiciel étaient des hordes de personnes « hors système » : hackers ou encore logiciels spam et autres virus qui ressemblaient plus à une bande de pirates qu’on pouvait classer en plusieurs catégories : Les corsaires « propres » qui pirataient pour la bonne cause : libérer les données, avertir les masses, lancer des alertes citoyennes etc… et les pirates « mercenaires » qui faisaient du mal et de l’argent pour eux en détournant le système… mais qui étaient clairement hors la loi comme peuvent l’être l’économie parallèle du sexe et de la drogue dans le monde « réel » - ou non numérique plutôt.

Et voilà que c’est l’industrie sérieuse. Automobile. Mieux. Allemande. « Das Auto » qui se met au piratage de ces propres systèmes pour le seul profit. – Car à priori aucune autre finalité ne semble être derrière la décision du groupe –

Très simplement, toute l’industrie devient alors suspecte. Toute.

Usual Suspect : tous suspects?

Usual Suspect : tous suspects?

Est ce que les banques ne mettent pas des logiciels pour tricher sur les dates de valeur et les ordres de bourse ?

Est ce que les opérateurs téléphonies ne mettent pas des logiciels pour tricher sur les durées des communications de nos téléphones portables ?

Est ce que les opérateurs distributeurs d’énergie ne mettent pas des logiciels pour tricher dans leurs relevés automatiques dans leurs smart grid ?

Est ce que les boitiers de vote electroniques ne mettent pas des logiciels pour tricher sur les votes?

Est ce que les vendeurs des saucisses de Morteaux ne mettent pas un logiciel qui triche sur le taux de cholestérol – LoL – Vous avez reconnu une blague qui pourrait être du Gorafi –

Mais les trois exemples que je donne ne sont pas « impensables » et posent de manière très claire la question du contrôle de ces logiciels. Car il faut malheureusement en venir là. Après toute période d’innocence – celle que nous venons de vivre dans le numérique – s’achève. Et des « méchants » amènent le corps social à se défendre en promulguant des lois, des contrôles, etc…

La vérité n'est pas un crime

La vérité n'est pas un crime

Quelles seraient les « bonnes formes » de ces contrôles dans le monde numérique ?

Il y d’abord la proposition classique de faire des contrôles systématiques des logiciels. C’est peut être possible dans certains cas… mais si il faut attendre des certifications avec des experts pour mettre à jour le moindre logiciel alors l’innovation numérique va en prendre un grand coup. Et nous allons nous retrouver avec des monopoles qui détiendront les capacités de passer ces tests. Cf ce qui se passe dans l’industrie pharmaceutique par exemple. Mauvaise solution à un vrai problème.

Ensuite, il y a l’idée de dire « pour que logiciel soit auditable, il faut que son code le soit ». D’ou l’Opensource. C’est en effet une solution. Forcer à ce que toute l’industrie logicielle bascule dans l’Opensource. Avec comme logique : tout utilisateur a droit à connaître l’intégralité de la stack qu’il utilise. Dans cette logique, on ne comprend pas alors pourquoi la même situation ne s’appliquerait pas à l’industrie et à l’agro alimentaire. Je suis alors en droit de demander la recette du Coca Cola et le code source de mon iPhone. Etant donné la situation de l’industrie, cela me paraît peu probable. Car il faudrait que tous les pays passent en même temps à cette réglementation… sinon ceux qui devraient ouvrir leur code – et ne le souhaitent pas – seraient désavantagés au regard de leurs concurrents qui ne se généraient pas de les copier pour le coup. Bref. FBI. Fausse Bonne Idée.

La solution pour moi revient à celle des lanceurs d’alertes. Si on revient au cas Volkswagen dès 2007, la société Bosch qui leur fournissaient le logiciel de tricherie – à des fins de test- avait alerté Volkswagen du caractère illégal de son utilisation sur les voitures de séries. Mieux, un employé de Volkswagen avait remonté l’information à sa hiérarchie. La suite n’a pas eu lieu. Aucune sortie de cette information. Car l’employé risquait sa carrière à sortir de genres d’informations… voir pire. Car les enjeux sont énormes. Il suffit de voir le sort réservé par exemple à Denis Robert dans l’affaire ClearStream ou encore des lanceurs d’alerte autour des OGM de Monsento. Ils ont en général leur vie broyée pour avoir pris le risque de parler.

Les robots sont avant tout du logiciel.

Les robots sont avant tout du logiciel.

Il faut donc inventer un véritable statut de lanceur d’alerte afin de les protéger des grands groupes. Voilà un domaine ou la France pourrait être pionnière et redonner un droit positif en face des forces obscures du grand capital.

Car, l’histoire de Volkswagen est un avant gout de ce qui va se passer dans l’avenir avec des logiciels de plus en plus omniprésents, calibrant, décidant à notre place nos vies… On imagine ce qu’une triche ou une manipulation peut produire sur un logiciel de conduite automatique, une imprimante qui produit de la nourriture ou encore pour un robot humanoïde qui va chercher nos enfants à l’école !

--- MAJ du 23/10/2015 ---

C'est au tour de Bosch d'être dans la tourmente... le même Bosch qui a réalisé le logiciel pour Vokswagen. Mais ce nouveau scandale ne touche pas pour les voitures mais les aspirateurs. Dyson, son concurrent l'attaque pour fraude aux tests. Même combat. Même punition.

Il semblerait que Bosch avait acquis des compétences fortes en la matière... La justice nous le dira.

Car derrière ces "faits", se cachent aussi des batailles entre industriels.

La suite : http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/aspirateurs-dyson-accuse-bosch-de-tricher-comme-volkswagen-924169.html

--- MAJ du 23/10/2015 ---

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