Tout comme les jeunes de la génération Y apprennent les uns des autres à se servir du web 2.0, la viralité est un bon moyen de propager les usages en entreprise. Un peu de pédagogie s'impose.
A force de lire sur tous les blogs que la génération Y a tout compris aux usages du numérique et que les réseaux sociaux n’ont plus de secrets pour eux, on en a oublié l’essentiel : comment propager ces usages aux générations précédentes ? Comment reproduire le même modèle dans l’entreprise pour provoquer une adoption aussi forte ?
Des hypothèses fausses
D’abord, il faut se départir d’idées reçues, maintes fois répétées et très peu vérifiées. Comme, par exemple, que la génération Y utilise ces outils parce qu’ils sont très simples, bien sûr, mais aussi parce qu’ils apprennent à s’en servir par eux-mêmes en deux coups de cuillère à pot. Faux !
Les membres de la génération Y ont appris à se servir de Facebook à leur rythme. Et, surtout, aidés de leurs petits camarades. C’est par l’induction concrète de « se prendre la souris par la main » que les nouvelles générations ont appris à se servir de Facebook. En regardant comment mettre à jour son profil ou publier sur le mur. Et une fois cette « démo » faite, ils ont pu le refaire pour eux-mêmes avant de devenir à leur tour des agents viraux de la propagation.
Deuxième idée reçue : ils l’ont utilisé car c’était simple. Faux !
Facebook n’est pas simple, mais utile. Utile ??? Oui, pour un jeune, rester en contact est de la première nécessité. Et cette nécessité est aussi l’élément qui rend Facebook viral. Je peux expliquer en une phrase pourquoi je m’en sers : « Tu vois, avec FB tu auras mes photos en direct live. » Plutôt que d’expliquer à quoi ça ressemble : « Euh, FB, tu vois, c’est un Wall, enfin je veux dire un mur au centre de la page, où tu peux mettre des commentaires, mais pas seulement, enfin ca dépend… » Vous voyez le tableau… Expliquer un écran de 1 024 x 800 rempli de centaines d’éléments, c’est comme décrire le Radeau de la méduse en mettant en avant la couleur des tuniques des naufragés…
Un modèle qui reste valide
Le monde de l’entreprise est avant tout un univers de contraintes, dans lequel il suffit de donner un ordre pour que les choses soient faites. Pas besoin de viralité pour fonctionner, n’est-ce pas ? Pas si simple en fait, à l’heure où chacun est submergé de signaux parfois contradictoires. Le succès de Facebook doit nous guider pour réussir les projets en entreprise. C’est alors la propagation interne qui devient la clé du succès d’un projet, et le RSE (réseau social d'entreprise) n’échappe pas à la règle.
Celui qui a à conduire le projet RSE doit se doter d’une logique de déploiement pour accélérer sa propagation : il faut donc conjuguer viralité ET pédagogie.
Alors, comment les décliner dans l’entreprise ?
Un message viral concret
Commençons par la viralité. Les publicitaires savent que pour qu’il y ait viralité, il faut qu’il y ait à la fois un message viral et un objet viral à propager.
Dans l’entreprise, le message viral est la base de votre réflexion afin de pouvoir délimiter à quoi sert le RSE… en une phrase. Et sans tomber dans les poncifs, ce n’est pas si simple. Sont à proscrire les présentations telles que « le RSE va nous servir à mieux communiquer »… Bravo ! Car un projet qui est là pour moins communiquer est suspect… Ou encore « le RSE va nous permettre d’être plus efficaces »... On imagine bien que le projet qui va permettre aux équipes de l’être moins a une chance d’être porté par la direction générale…
C’est au besoin précis, métier, qu’il faut se référer pour apporter une réponse concrète. Comme « le RSE nous aide à répondre ensemble plus vite aux appels d’offre » ou encore « le RSE nous permet d’avoir des réponses support du réseau de consultants même quand ils sont en mission », ou, dernier exemple, « le RSE nous permet d’avoir les retours du réseau de vente sur les nouveaux pricing en temps réel ».
Quant à l’élément de viralité, c’est bien entendu la possibilité donnée aux personnes concernées de l’essayer par eux-mêmes et d’y introduire leurs process. Donc de leur permettre d’inviter des utilisateurs de votre organisation à rejoindre le RSE s’ils n’y sont pas déjà, pour qu’ils puissent créer leurs propres expériences métier.
Cinq minutes de pédagogie
Quant à l’objet de viralité, il est contenu dans l’acte de pédagogie. Ce dernier consiste principalement à passer de l’idée à l’action dans le concret. C’est souvent le plus difficile dans notre culture. Nos amis américains savent très bien, au contraire, se mettre à la place de M. et Mme Tout-le-monde pour diffuser leurs technologies et leurs idées. Il faut donc reproduire le phénomène décrit plus haut sur Facebook : mettre en selle son collègue comme on met en selle son ami sur Facebook. L’expliquer pour le rendre concret.
La meilleure solution est donc de s’asseoir à côté d’un utilisateur, de le loguer et de lui montrer la base : son mur, ce qu’il peut faire (commenter), contacter un autre utilisateur, aller sur un groupe public, s’y abonner, et publier. C’est là que l’élément viral arrive. Par exemple, proposer d’installer le bookmarklet qui permet de publier même en étant en dehors du RSE… Généralement, c’est alors qu’on entend des « Mais c’est génial, ça ! » Voilà, l’information est passée. En cinq minutes, montre en main. Et vous avez un nouvel utilisateur qui peut à son tour propager les nouveaux usages.
C’est par cette simplicité et la praticité que les outils d’aujourd’hui se développent et se propagent. N’ayez pas peur ou honte de cette mise en route concrète comme au temps du compagnonnage. C’est un gage de réussite pour votre projet qui a fait ses preuves.
Essayez-le demain auprès de votre collègue de travail Raymond qui répète à qui veut l’entendre que le RSE ne sert à rien et que, pour lui, le mail ça suffit bien. Vous serez surpris de sa réaction. Racontez-la dans les commentaires de cette tribune. Cela sera instructif pour tous.